Au quotidien notre cerveau ne se contente pas d’entendre passivement des sons, il les anticipe. Pour mieux les percevoir, il s’appuie sur des régularités, comme le rythme d’une phrase ou la mélodie d’une musique.
Pourtant lors des mesures d’audition, dans des conditions cliniques, avec des audiogrammes dits tonaux, ces mécanismes de prédiction ne sont pas pris en compte. Ces tests sont considérés comme reflétant fidèlement la sensibilité de l’oreille interne, sans prise en compte des processus cérébraux centraux.
Dans un article publié en mars 2025, des chercheurs de l’Institut de l’Audition, ont montré que la manière dont les sons sont présentés influence directement les seuils de détection mesurés. Si les sons sont présentés avec des paramètres prévisibles (fréquence, moment prévisible, …), les participants à l’étude détectent mieux les sons faibles. Ainsi, plus un son est attendu, plus il devient perceptible.

« Aujourd’hui l’audiométrie prétend ne mesurer que la sensibilité de l’oreille interne. Ces résultats suggèrent que les prédictions faites par le cerveau peuvent influencer le résultat des tests auditifs. », indique Keith Doelling, chercheur à l’Institut reConnect, Institut de l’Audition, centre de l’Institut Pasteur.
A l’avenir, cette approche pourrait permettre de mieux comprendre comment les personnes malentendantes utilisent ces indices pour compenser leur perte auditive et d’adapter les stratégies de diagnostic et de prise en charge.
Source :
Marin, N., Gérenton, G., Jean, H., Paraouty, N., Wallaert, N., Lazard, D. S., Doelling, K. B., & Arnal, L. H. (2025). Predictable sequential structure augments auditory sensitivity at threshold. iScience, 28(3), 112074. https://doi.org/10.1016/j.isci.2025.112074